Delphine Coindet, Modes & Usages de l'art
Le CREDAC, Ivry-sur-Seine
2015
Ce qui nous passionnait dans l’apparition du travail de Delphine Coindet au milieu des années 1990, c’était l’irruption d’une œuvre simultanément image et objet, engagée à ne pas se confondre avec le réel. Fondant son œuvre sur le simulacre, l’artifice et la théâtralité, elle s’intéressait à la notion de décor, de style et, selon ses propres mots « à la capacité que nous avons à schématiser notre environnement tout en y laissant la trace de ce que nous sommes ». Elle est l’une des premières à intégrer et afficher l’ordinateur dans son travail de sculpture, comme outil mais surtout comme mode de pensée. Grâce à l’image de synthèse, l’art de Delphine Coindet marquait alors son désir et sa capacité d’affirmer sa différence avec le réel. Elle a modélisé notre environnement : bâtiments, cailloux, diamants, eau, engrenages, fontaines, fleurs, harpe, montagne, tipis, rochers, plantes, plumes… Ces images génériques devenaient alors volumes.
Ses œuvres, inscrites dans une tradition minimaliste, possèdent de beaux titres qui, de fait, en altèrent la charge minimaliste en provoquant l’émergence d’une image. Delphine Coindet introduit alors une connivence, entre minimalisme et représentation schématique. Michel Gauthier définit la sculpture de l'artiste comme « […] une image tombée dans les trois dimensions du réel sous une apparence qui aurait bien pu être autre. ». En résumé, la relation et l’interdépendance entre forme, texte, image et imaginaire a toujours été fondamentale et le demeure.