Delphine Coindet, Ventile
Le Portique, Centre d’Art Contemporain du Havre
2018
Du virtuel au réel, de l'utopie à la réalité, le travail de Delphine Coindet interroge le statut de l'art et de l'objet. Si la première phase de sa réflexion passe par la conception en 3D de ses pièces, l'artiste apporte un soin précieux à leur réalisation, convoquant des artisans et fabricants qui mettent leur savoir-faire et leurs compétences au service de l'art. Favoriser la mise en relation de ces différentes techniques, tout en questionnant le rôle de l'art, les formes, les couleurs : telles sont les multiples interrogations qui hantent le travail de l'artiste, où l'objet, en tension, oscille entre décoration et fonctionnalité.
Que devient la pratique artistique quand on choisit de substituer au trait du crayon la souris d'un ordinateur ? Comment la technologie vient-elle compléter la main et le geste de l'artiste ? "Je cherche à appréhender ces modèles encodés pour produire des objets étranges qui pointent les liens actifs (et pourquoi pas aussi affectifs) entre technologies, formes, fonctions, langages et économie... Mais cette méthodologie n'est ni absolue, ni linéaire et ne va pas sans les moments d'atelier sans écran (dessins au stylo, assemblages à partir de matériaux trouvés, collages, peintures etc.). Sinon, comment cultiver vraiment la pensée sauvage ?" interroge Delphine Coindet.
Au Portique, dans le cadre de l'exposition Ventile, elle convoque à la fois des oeuvres existantes (Le Hochet-1991, Torche-2007, La Prairie-2008) et de nouvelles propositions comme les panneaux en feutre sérigraphiés, les Couvertures de survie, et une sculpture en mousse tapissée de velours, Oisocanacoeur. Une scénographie fidèle à la recherche menée par Delphine Coindet, dont la démarche consiste à maintenir l'équilibre des contraires, à réconcilier les opposés en les faisant se rencontrer dans une synthèse plastique qu'est l'objet d'art.