Gérard Traquandi - La véranda
8 avril - 2 juin, 2018
Vernissage dimanche 8 avril, de 15h à 18h
Dans une nouvelle d’Herman Melville publiée en 1856, le narrateur aperçoit de sa véranda un « cer- tain objet mal défini », sa curiosité attisée, il décide d’aller à sa rencontre.
D’une véranda, à l’abri, on regarde le monde, on s’imprègne des paysages alentours. Ce sont les im- pressions de ce monde vu de la véranda que Gérard Traquandi veut nous donner à voir, il cherche à faire remonter à la surface du tableau les sensations colorées du monde qu’il regarde. Les paysages qu’il traverse quotidiennement mais aussi la peinture des Primitifs italiens et de Fra Angelico que l’artiste aime regarder souvent. Ce sont les réminiscences des couleurs vues dans ces œuvres qui apparaissent sur les toiles exposées. Toutes ont été réalisées ces derniers mois, dans son atelier parisien et près de Marseille.
« ll y a, dans les travaux récents de Gérard Traquandi, une expérience de l’absorption : quelque chose a été absorbé, est en cours d’absorption. Cela vaut pour les surfaces somptueusement mates et com- plexes de ses tableaux comme de ses photographies. Un effet qui renvoie au procédé d’imprégnation de la toile par contact avec une autre surface où la couleur a été déposée. Cela produit un fond, sur lequel viendra se surimposer une autre application de peinture, cette fois peut être plus « dessinée », plus proche d’un motif. De telles procédures transforment la relation entre la surface peinte et le geste qui leur a donné naissance. Le résultat est riche de contradictions : la matité de la surface, à la différence du brillant, n’introduit aucune coupure théâtrale entre l’œil et la toile, et l’absence de toute représentation identifiable venant « géométriser » le tableau ouvre en lui un volume perspectif. Voilà qui semble inviter à une forme d’immersion, mais qui n’aurait rien du caractère dissolvant, océanique auquel on pourrait s’attendre. Au contraire, cette absorption semble tendue, travaillée par des tensions, des rythmes comme autant de formes d’une énergie affleurant. Les surfaces des toiles de Gérard Traquandi sont vivantes, elles vibrent comme si elles conservaient une trace d’opérations complexes, les transferts par contact, les différentes vitesses d’exécution. Tout cela rend sensible le temps écoulé, le paradoxe entre la pure abstraction et l’insistance d’un motif, aussi résiduel soit-il, qui jamais en tout cas ne vient faire obstacle, hiérarchiser ou théâtraliser la surface» Régis Durand.





