Communiqué de presse Viewing salon
FLORENTINE & ALEXANDRE LAMARCHE - OVIZE
Faire les marées
07.09 - 08.10.2022
Dans leur travail, mené en commun dès 2006, Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize réfléchissent aux liens entre art et artisanat, représentation et motif, œuvre et objet, reproduction et original. Le dessin est leur langage. Grâce à lui, ils jettent des ponts formels mais aussi esthétiques entre les différents mediums qu’ils aiment à employer : encre, fusain, gouache, aquarelle, pastel à l’huile, acrylique, sérigraphie, céramique, impression sur papier ou sur textile, et depuis peu, tuftage et tissage. De sorte que l’agrandissement de croquis, puisés dans leurs carnets, la superposition des images et leur suture, produisent un vocabulaire propre à porter la critique d’une société industrielle et ultra-capitaliste, nourrie de la pensée sociale, utopique et communarde du XIXe siècle (William Morris, Élisée Reclus, etc.), mais aussi à explorer une « nature », aujourd’hui en crise, que pendant des siècles les êtres humains ont cherché à dominer et classifier.
Faire les marées à la galerie Laurent Godin réunit différentes recherches entreprises par Florentine & Alexandre Lamarche-Ovize au cours des trois dernières années. Ce titre, d’après une expression chère aux pêcheurs à pied et aux ostréiculteurs, renvoie à la collecte des espèces marines, tant animales que végétales, dans le but de les décrire, de les nom- mer puis de les représenter. Ou comment la naissance des sciences naturelles modernes (biologie, botanique, entomologie, zoologie, etc.) s’est accompagnée à partir de la Renaissance d’une surproduction iconographique, ornant encyclopédies, dictionnaires et autres atlas et transformant le spécimen en motif. Faire les marées montre l’intérêt constant des artistes pour le mouvement (mot ayant la même étymologie que « motif »), pour ce qui anime la surface de l’œuvre et pour sa traduction d’un médium à l’autre. Elle actualise, l’air de rien, une question vieille comme le monde – quelle place pour l’Homme sur Terre – à l’heure de la globalisation économique et culturelle et des écocides. Elle manifeste, pour finir, le ressac qui structure le travail du duo, entre répétitions, samples et étoffement progressif de leur œuvre.
Camille Viéville, septembre 2022
photo : Olivier Marty