Utilisateur.ice.s de la première heure et porteur.euse.s d’un idéal égalitaire, certain.e.s voyaient dans le potentiel d’internet ce que Félix Guattari appelait en 1990 l’espoir d’une ère post-média au sein de laquelle « s’opérera un remaniement du pouvoir massmédiatique qui écrase la subjectivité contemporaine et […] consistant en une réappropriation individuelle, collective et un usage interactif des machines d’information, de communication, d’intelligence, d’art et de culture. »1. Alors qu’émerge une nouvelle génération d’artistes encore plus connectés, ayant grandi avec le web dans sa version 2.0 régie par l’interactivité, que reste-t-il de ces idéaux ? Loin des espoirs formulés par Guattari, l’information désormais abondante, libre et gratuite se paye insidieusement de ce qu’elle consomme : l’attention. Au sein d’un monde résolument capitaliste écrasant l’utopie post-médiatique pour y tremper son pain, nos attentions sont aujourd’hui constamment dirigées vers le profit et contraintes (ou non) de composer avec mainstream et pop culture.
Amour, répulsion, fascination, incompréhension, amusement, quelles relations entretenons-nous réellement avec cette culture que nous façonnons et qui nous façonne ? Quelle est la part qui s’impose à nous et celle que l’on choisit ?
Ici, l’espace d’exposition devient espace de réunion, de réflexion et, peut-être, de résistance. Les pièces, majoritairement produites pour cette proposition démontrent d’une intention d’investir l’idéal de coopération et d’attention à l’autre jusque dans les processus de création et de monstration des Œuvres. Pirates de l’information valorisée par le système dominant, les artistes présenté.e.s ressuscitent la figure ambiguë du hacker dans ses multiples acceptions contemporaines pour créer les conditions d’émergence d’une nouvelle intelligence collective.