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PHILIPPE DURAND - Centre de la photographie, Genève, Suisse


  • Centre de la photographie Genève 28, rue des Bains, CH — 1205 Genève Suisse (map)

50JPG OSMOSCOSMOS

A l’occasion des 50JPG (50 Jours pour la photographie à Genève)

AVEC LA PARTICIPATION DE PLUS D’UNE CENTAINE D’ARTISTES DONT : NOBUYOSHI ARAKI, RENATE BERTLMANN, NICOLAS CRISPINI, MAURICIO DIAS & WALTER RIEDWEG, CHARLES & RAY EAMES, HANS-PETER FELDMANN, SYLVIE FLEURY, PIERRE KELLER, ARMIN LINKE, LEE LOZANO, URS LÜTHI, MANON, SUSAN MEISELAS, BJØRN MELHUS, BORIS MIKHAILOV , GIANNI MOTTI, JEAN-LUC MOULÈNE, PETER PILLER, WALTER PFEIFFER, THOMAS RUFF, GREGOR SAILER, VIVIANE SASSEN, LINA SCHEYNIUS, JO SPENCE, JULES SPINATSCH, GRAZIA TODERI & ORHAN PAMUK, PATRICK TOSANI, CHRISTIAN WALDVOGEL…

La sixième édition de la triennale 50JPG du Centre de la photographie Genève aura lieu du 19 juin au 25 août 2019. L’exposition principale tentera de réunir Éros & Cosmos. Sous le titre OSMOSCOSMOS, elle mettra en évidence le trait d’union entre ces deux univers, un lien peu étudié dans nos cultures occidentales, probablement trop marquées par les monothéismes et la culpabilisation développée autour de l’éros visant à mieux soumettre l’individu à l’emprise des églises.

Jean-Pierre Vernant, spécialiste de l’antiquité grecque, souligne que la sexualisation du dieu Éros se fait au moment où Uranus est castré et qu’il se dégage de Gaïa dans la souffrance pour devenir, au-dessus de nos têtes, le ciel étoilé*. Et pour le philosophe Michel Onfray, se référant au Kama Sutra, le sexe est défini ainsi : « ... naturel, en rapport avec le cosmos, jamais séparé du monde, toujours là pour rappeler la liaison entre les parties d’un grand tout »**.

Une douzaine d’œuvres établissent cette relation entre les deux facettes d’OSMOSCOSMOS, telles que Words and Stars de Grazia Toderi et Orhan Pamuk ou les contributions de Ursula Böhmer, Bunu Dhungana, Heidi Hassan, Eden Levi Am, Urs Lüthi, Boris Mikhailov, Johan Österholm, Thomas Ruff, Pierre Radisic, Catherine Radosa, Annie Sprinkle (avec Beth Stephens), Christian Waldvogel et d’autres.

OSMOSCOSMOS assemble des œuvres photographiques et vidéographiques contemporaines ainsi que diverses sources iconographiques. Parmi les artistes sélectionnés, plusieurs d’entre eux ont, dès les années 70, mis radicalement en question la définition des genres, voire la commercialisation d’Éros, que ce soit Manon, Jürgen Klauke, Renate Bertlmann, Natalia LL, Urs Lüthi, Barbara Hammer, Annie Sprinkle (avec Beth Stephens) et Liliane Vertessen ; d’autres, à la même époque, revendiquaient des esthétiques homosexuelles à l’instar de Pierre Keller ou de Walter Pfeiffer, revisitées sous une forme contemporaine par Mauricio Dias et Walter Riedweg. La trame féministe est poursuivie aujourd’hui par des artistes tels que Romy Alizée, Dorothée Baumann, Anne Collier, Déborah de Robertis, Nadia Granados, Angela Marzullo, Lina Scheynius ou encore A.L. Steiner, tandis que Eden Levi Am, Nicole Tran Ba Vang et Yuri Nagashima traitent des amours lesbiennes et/ou queers.

S’il va de soit qu’Éros touche aussi à des problématiques politiques, force est de constater que dans nos sociétés marchandes, il est gangrené par des intérêts économiques très importants, comme le démontreront les propositions de Caroline Bernard, Fred Lonidier, Susan Meiselas, Charles Weber ou encore Patrick Weidmann.

Néanmoins, chacun – nous l’espérons – a pu faire l’expérience, dans l’extase de l’union sexuelle, d’une sensation d’infini rappelant l’infini cosmique. Cosmic fuck de Lee Lozano, seul dessin parmi les œuvres présentées, en est l’expression abstraite. Toutes les évocations du Cosmos seront principalement des simulacres d’artistes. En parallèle au cosmos qui est hors de portée pour l’humain, comme par exemple les trous noirs à 53 millions d’année lumière, OSMOSCOSMOS tiendra compte des enjeux politiques dans la relation que nous, Terriens, entretenons avec le cosmos tout proche.

Pour assembler les parties d’un grand tout qui ne pourra jamais être exhaustif, l’exposition sera plongée dans la pénombre, éclairée uniquement par les rayons émanant de la projection des images ou par l’illumination de vitrines qui contiendront des impressions de toutes sortes. L’exposition, réunissant un grand nombre d’artistes que le Centre de la photographie Genève a déjà présentés, aspire à être une constellation parmi d’autres, un atlas d’images où le visiteur est invité à constituer, voire à prolonger son propre cosmos.

* Voir L’univers, les dieux, les hommes de Jean-Pierre Vernant

** Voir Les Bûchers de Bénarès de Michel Onfray